Hérault Tribune du 11 décembre 2023
Équation complexe des trains de nuit. Rafistolage de l’existant ou anticipation de l’avenir ? Avant le sommeil cryogénique pour traverser la galaxie, voici venu le temps du sommeil réparateur pour l’Homme et son climat. Cette mobilité vertueuse peut-elle s’imposer, en France et en Europe ?
Ce dimanche 10 décembre marque un peu le retour des liaisons ferroviaires de nuit depuis l’Hérault vers Paris, avec des arrêts à Béziers, Agde, Sète et Montpellier, en direction de Paris-Austerlitz. Pour célébrer cet événement, le collectif « Oui au train de nuit » avait organisé un rassemblement pyjamas et oreillers inhabituel sur le parvis de la gare Montpellier-Saint-Roch à 21h. La liaison fonctionnera deux fois par semaine tout au long de l’année, avec des trajets supplémentaires quotidiens durant les vacances scolaires de la zone C.
Julia Mignacca, Porte-parole EELV Montpellier précise : « il faut absolument passer par le train de nuit, parce que ça réduit nettement notre empreinte carbone […] Aujourd’hui l’enjeu c’est d’avoir des trains de nuit qui soient confortables pour que les gens puissent ne plus prendre l’avion, et pas nécessairement prendre le TGV, mais prendre le train de nuit pour se rendre à Paris ou dans les grandes capitales européennes. » Pour la porte-parole EELV Montpellier, les trains de nuit sont complémentaires avec la réouverture des trains du quotidien pour réussir « un transfert des mobilités sur le rail et un transport qui n’est pas carboné. »
« C’est vraiment un levier conséquent pour lutter contre le dérèglement climatique, » insiste Coralie Mantion, Vice-présidente de Montpellier Métropole qui tient à souligner que « c’est une première victoire grâce à la mobilisation des différents collectifs, Oui au train de nuit, Alternatiba, Greenpeace. » Abdoulaye Diarra, présent dans l’Hérault pour lancer la campagne des Européennes 2024, a pris le train de nuit pour rejoindre la capitale, il explique : « l’enjeu c’est de changer la mobilité de l’ensemble de la population […] il va falloir agir au niveau européen. L’exemple de cette ligne est très parlant, c’est 92% d’émissions de CO2 en moins ! »
Pour un vrai maillage du territoire, le collectif « Oui au train de nuit » propose d’aller bien plus loin que la simple centralisation des trajets sur Paris ou vers les capitales européennes : « nous avons besoin de trains de nuit pour traverser l’Hexagone d’Est en Ouest, » affirment-ils. Si l’État prévoit de relancer des trains de nuit au départ de Paris, le schéma des mobilités restera incomplet. S’attaquer à une concurrence immense de l’offre, avec le TGV et les compagnies aériennes low cost, les autocars ne risque-t-il pas de fragiliser un concept pourtant vertueux ? D’où l’indispensable mise en place des liaisons en « transversales » soutenue par le collectif.
Claire Serrurier membre de « Oui au train de nuit »salue avec enthousiasme ce premier résultat : « vous voyez, on a déjà progressé, puisqu’en 2016 le gouvernement voulait tout arrêter. »
Ainsi, dimanche 10 décembre, usagers, cheminots, élus et ONG étaient présents à la gare de Montpellier Saint-Roch pour inaugurer le nouveau train de nuit Cerbère-Montpellier-Paris et demander à l’État d’augmenter ses ambitions.
L’urgence pour les ONG, Greenpeace, Alternatiba 34 et « Atterrissons d’urgence » qui étaient présentes hier, reste de demander « davantage de destinations notamment sur les transversales région-région. » Quant au collectif « Oui au train de nuit », il demande au gouvernement de confirmer la construction des 600 voitures-couchettes, prévues en 2021 par le rapport sur les « Trains d’Équilibre du Territoire ».