Une alimentation saine et accessible pour tout le monde à Montpellier : quels leviers pour y arriver ?
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Un café vert s’est tenu le jeudi 22 octobre dernier au Corum sur le thème de l’alimentation. De nombreux témoignages et retours d’expériences se sont exprimés sur un sujet crucial pour les habitant.e.s de la métropole avec plus de 70 participant-e-s.

Une alimentation saine et accessible pour tout le monde à Montpellier :
quels leviers pour y arriver ?

De la fourche à la fourchette

Cette réunion publique a été organisée par le groupe local EELV de Montpellier dans le cadre de ses cafés verts qui sont des lieux de débats sur des sujets de société d’intérêt et d’importance pour les citoyens de Montpellier et de la métropole. Le sujet traité sur les questions d’alimentation a été pris de manière large, de la « fourchette à la fourche », au travers de plusieurs interventions représentants une large gamme de points de vues, de métiers et d’expériences : élues, agriculteurs et agricultrices, responsables associatifs, chercheuses et chercheurs.
Les personnes suivantes sont intervenues (dans l’ordre d’intervention) :
– Nicolas Bricas, chercheur au Cirad, socio-économiste de l’alimentation
– Marie Massart, adjointe au Maire de Montpellier, déléguée à la politique alimentaire et à l’agriculture urbaine
– Geneviève Zoïa, anthropologue, chercheuse à l’Université de Montpellier
– Loïc Bruté de Rémur, association Ramène ta Fraise
– Isabelle Touzard, Vice-présidente Montpellier Métropole, déléguée à la transition écologique et solidaire, à l’énergie, la biodiversité, l’agro-écologie et à l’alimentation
– Delphine Esselin et Charles Godron, de La Cagette, supermarché coopératif et participatif, à but non lucratif
– Arnaud Thurot et Marie Queinnec,maraîchers sur le campus Agropolis, les Jardins du Lunaret
– David Viala, L’Oasis Citadine, ferme urbaine au château de Flaugergues
– Organisatrice/organisateur: Leïla Houhou et Sami Bouarfa, membres du groupe local EELV


Montpellier Des enjeux multiples

Les enjeux autour de l’alimentation sont multiples : environnementaux, de santé publique, socio-économiques. Du point de vue environnemental, la production alimentaire est le 1er producteur d’émission de gaz à effet de serre lorsque l’on considère la production (notamment de viande), la consommation d’intrants en agriculture intensive, le transport des aliments et la question des déchets liée notamment au gaspillage alimentaire. Le développement de l’agroécologie et d’une agriculture de proximité et la réduction des gaspillages alimentaires sont des solutions qu’il s’agit de mettre en œuvre pour réduire l’impact de la production alimentaire sur l’environnement.
Sur le plan de la santé publique, les impacts des pesticides d’une part et les effets nocifs des aliments ultra-transformés sont aujourd’hui largement démontrés. Pour la toute première fois depuis l’apparition de l’humanité, l’obésité tue plus que la famine. Tous les ans, 4 millions de personnes sur terre décèdent directement ou indirectement de l’obésité. Réduire notre consommation de viande et consommer davantage de produits bio contribueront à inverser cette tendance.
Enfin l’alimentation est une question sociale et économique. Les personnes les plus pauvres sont les plus exposées à une nourriture de mauvaise qualité. Il s’agit donc de donner un large accès à une alimentation de qualité. Il s’agit aussi de rémunérer à leur juste prix celles et ceux qui produisent des aliments sains pour les humains et pour la nature. Le développement d’une agriculture de proximité et de circuits courts contribuera également à générer des emplois locaux et non délocalisables.

Des initiatives à Montpellier allant dans le bon sens

De nombreuses initiatives citoyennes et associatives ont déjà vu le jour et sont porteuses de nombreux espoirs, allant de la fourche à la fourchette. Plusieurs témoignages ont été portés lors du café vert : des associations formant les citoyens à l’agroécologie et à la permaculture, des coopératives de distribution alimentaires rétribuant les producteurs à leur juste prix, des associations éveillant les consciences des parents sur la question de la qualité alimentaire, des jeunes agriculteurs et agricultrices qui s’installent pour réaliser une agriculture urbaine malgré les obstacles administratifs de tout genre. Toutes ces initiatives ne demandent qu’à se développer et se multiplier et témoignent d’une réelle demande des citoyennes et des citoyens.

Les collectivités peuvent agir à plusieurs niveaux…

1. En favorisant le développement d’une agriculture urbaine et agroécologique par
– la préservation du foncier agricole et la planification et de l’aménagement urbain
– la facilitation de son accès à de (jeunes) agricultrices et agriculteurs en réduisant la complexité administrative (multi-niveau de décisions, lenteurs et verrous administratifs)
– la mise en place de circuits de distribution de proximité dans les différents quartiers de la métropole
2. En sensibilisant les citoyennes et les citoyens pour modifier les comportements d’achat, de consommation, et sur la collecte, la gestion et la prévention des déchets
3. En mettant en place une restauration collective de qualité et accessible à tous par
-l’amélioration de la qualité dans l’assiette qui comprend une alimentation savoureuse et de qualité pour les enfants, plus de bio, moins de transformé, moins de viande mais de meilleure qualité
– l’amélioration de la qualité de l’ambiance du repas par une présentation attractive des plats et du confort des salles de restauration (bruit notamment)
– une plus grande liberté d’action des enfants par le choix des menus et des quantités (pour limiter le gaspillage)
– un accès à tous via une politique tarifaire adaptée (par ex un prix plancher à 0,5 euros pour les familles monoparentales bénéficiaire du RSA).
Par ailleurs, et plus globalement, les travaux réalisés sur les changements d’achats alimentaires ont montré que ceux-ci n’évoluaient que sur le moyen ou le long terme. A titre d’exemple des changements ont été observés lors du premier confinement vers des achats de proximité et de produits locaux, mais un retour aux anciennes habitudes a vite été repris après la crise. Mais c’est dans le moyen terme que l’on observe les changements structurels dans des situations de changements et de rupture des individus (changements de vie professionnelle ou privée ou de lieu d’habitation). Il faut donc être confiant dans l’avenir !

Une réflexion au sujet de “Une alimentation saine et accessible pour tout le monde à Montpellier : quels leviers pour y arriver ?

  1. On aurait pu ajouter que deux choses ne sont que rarement prises en compte dans les politiques urbanistiques, la notion de patrimoine, visuel,ressource en eau,pratiques agricoles, et la notion de souveraineté alimentaire, de quel droit priverait on nos petits enfants de ces ressources dont on sait qu’ils auront cruellement besoin dans les décennies à venir, parce qu’il fallait répondre urgemment à l’accroissement de la population, bâtir un 5 étoiles ou satisfaire les lobbys du béton?

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