Avenir de Montpellier : nos réponses à Greenpeace
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Madame, Monsieur,

Par votre courrier en date du 17 juin, vous nous avez interrogé, dans le cadre de la campagne du second tour de l’élection municipale, au sujet de nos engagements en faveur de la qualité de l’air à Montpellier. Nous vous en remercions et nous vous félicitons de cette initiative qui permettra aux citoyennes et aux citoyens de prendre connaissance des propositions portées par chaque candidat sur ce sujet crucial pour le climat et la santé.

Vous le savez, l’urgence climatique et la priorité donnée à la santé et à l’environnement guident le projet de notre liste « Montpellier Unie » de rassemblement de la gauche et des écologistes. C’est pourquoi, face à la situation alarmante que connaît Montpellier en matière de pollution de l’air, nous portons des propositions volontaristes qui ont été amplement présentées et débattues tout au long de cette campagne.

En réponse à vos questions, voici les éléments que nous sommes en mesure de vous apporter.

1.       Sur quel périmètre, et à quelle échéance, imaginez-vous développer de nouvelles zones apaisées (zones de rencontre, zones piétonnes, zones 30) ?

L’insécurité routière est un fléau. Chaque année à Montpellier ce sont près de 20 personnes tuées et près de 100 personnes gravement blessées. Avocate et ancienne présidente de la Ligue contre la violence routière, Guylaine Lang-Cheymol a fait le choix de s’engager sur notre liste « Montpellier Unie » et d’apporter son expertise pour bâtir et mettre en œuvre une stratégie globale d’apaisement de la circulation à Montpellier.

D’abord nous repenserons, dans le cadre d’une large concertation, le plan de circulation pour enlever du centre-ville le trafic automobile de transit qui n’a rien à y faire. L’accès automobile aux parkings en ouvrages sera, quant à lui, maintenu et rendu plus lisible. De même, les riverains, les véhicules de livraisons et les artisans pourront accéder au centre-ville de manière plus simple, sans conflit avec la circulation de transit. Pour un centre-ville moins encombré, moins pollué. Un centre-ville embelli et plus facile d’accès.

Ce nouveau plan de circulation visera également à supprimer le trafic de transit dans les quartiers et les faubourgs afin d’y limiter la circulation automobile aux seuls besoins de desserte locale. Pour des quartiers plus apaisés, des rues plus calmes et plus sûres.

Sur la base de ce nouveau plan de circulation nous pourrons mettre en œuvre une mesure phare de notre programme : la généralisation du 30 km/h en ville.

Aujourd’hui, le 50 km/h est la règle et le 30 km/h l’exception. Demain ce sera l’inverse. Toutes les rues résidentielles seront limitées à 30 km/h et seuls certains grands axes seront autorisés à 50 km/h.

Comme cela a pu être fait à Grenoble où la mesure concerne désormais 43 communes de la Métropole, nous engagerons un travail approfondi avec les maires afin d’établir ensemble un agenda de déploiement progressif de cette mesure à l’échelle de nos 31 communes ; l’objectif étant d’harmoniser, autant que possible, les règles applicables sur notre territoire et ainsi faciliter leur lisibilité pour les usagers. 

Dans cette optique, nous visons la mise en œuvre d’une première étape de la généralisation du 30 km/h dans le courant du second semestre 2021.

Généraliser le 30 km/h et supprimer le trafic de transit dans les quartiers, c’est faciliter l’usage du vélo en ville. Cela permettra de mettre toutes les rues à double sens pour les vélos. Cela permettra également une cohabitation plus sécurisée entre voitures et vélos et le déploiement de mesures incitatives comme les cédez-le-passage cyclistes aux carrefours à feux. 

En généralisant le 30 km/h et en écartant le trafic de transit, nous voulons aussi encourager la marche, favoriser le commerce de proximité et la vie de quartier. Moins de circulation, moins de voitures, c’est l’occasion de repenser, quartier par quartier, avec les habitants, des aménagements qui permettent un meilleur partage de l’espace public.

Dans cet esprit, nous développerons les zones de rencontre, notamment dans les faubourgs où les rues sont étroites et où il n’est pas toujours possible d’élargir les trottoirs tout en conservant le stationnement sur voirie. Parmi les priorités, nous interviendrons sur la rue Saint-Louis où nous proposons de couper la circulation de transit et de transformer la voirie en un espace partagé où piétons et cyclistes seront prioritaires.

Enfin, nous proposons de piétonniser les abords des écoles pour renforcer la sécurité et encourager l’usage des mobilités actives au quotidien dès le plus jeune âge. Notre objectif : permettre à nos enfants d’aller à l’école à pied ou à vélo en toute sécurité. Ces aménagements pourront être temporaires (aux heures d’entrée et sortie) ou permanents selon le contexte et les besoins. Ils seront systématiquement co-construits avec l’ensemble de la communauté éducative. 

2.       Quelle zone à faibles émissions (ZFE) proposez-vous pour Montpellier (étendue, calendrier, véhicules concernés, moyens de contrôle) ?

Comme à Strasbourg et Grenoble, nous souhaitons que le périmètre de la ZFE concerne l’ensemble du territoire de la Métropole et soit établi en concertation étroite avec les communes qui la composent.

Notre objectif prioritaire est de réduire la pollution liée aux poids lourds qui, s’ils représentent moins de 25 % de la circulation, sont responsables de près 50 % des émissions de polluants issus du trafic routier.

Aussi, nous refusons une ZFE limitée à l’Ecusson qui n’aurait aucune incidence sérieuse sur la qualité de l’air et aurait pour effet de pénaliser les acteurs économiques du centre-ville au bénéfice des zones commerciales de périphérie.

Les critères et l’agenda de mise en place progressive de cette ZFE seront définis en lien étroit avec les maires et à l’issue d’une large concertation avec les acteurs économiques et les associations investies dans les domaines de la santé et de l’environnement.

Comme cela a été déjà mis en place à Strasbourg et Grenoble, la première étape concernera la circulation des poids lourds et des véhicules utilitaires diesel les plus polluants. 

Les modalités précises seront discutées avec les professionnels de la filière du transport et de la logistique. Des mesures d’accompagnement, notamment financières, seront étudiées en lien étroit avec les acteurs économiques concernés.

Des mesures incitatives seront notamment proposées pour développer les livraisons par vélos-cargos et véhicules électriques dans l’aire piétonne du centre-ville de Montpellier.

La ZFE doit permettre d’accélérer la transition énergétique des poids lourds et véhicules utilitaires entraînant des effets positifs sur la qualité de l’air, les émissions de gaz à effet de serre et la production d’énergies renouvelables à l’échelle de la Métropole.

3.       Quel est votre positionnement concernant le COM et le LIEN ? Le projet du LIEN s’apprête à détruire la zone naturelle de Bel-Air, le plus riche réservoir de biodiversité de la métropole abritant 111 espèces protégées, que ressentez-vous par rapport à ça ?

Les projets autoroutiers imaginés il y a plusieurs décennies sur le territoire de la Métropole ne sont plus d’actualité. Ils ne sont plus compatibles avec les objectifs de la loi énergie climat adoptée le 8 novembre dernier pour répondre à l’urgence climatique et aux engagements de l’Accord de Paris. 

En cohérence avec l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 porté par la loi, nous proposons d’engager un vaste plan d’urgence pour les mobilités zéro carbone.

S’agissant du COM, nous prenons l’engagement de ne pas financer ce projet placé sous la responsabilité de l’État et de consacrer prioritairement les investissements de la Métropole à des solutions de mobilités décarbonées et non polluantes : tramway, bus à haut niveau de service, mobilités actives.

Par ailleurs, nous nous engageons à demander à l’État, en concertation avec les collectivités concernées, de revoir les caractéristiques du projet dans le sens d’un « boulevard urbain » (limité à 50 ou 70 km/h) et non d’une « autoroute ». Rappelons que la liaison routière entre Juvignac et Saint-Jean-de-Védas existe et que l’enjeu est de déterminer son évolution.

Une solution de « boulevard urbain » signifie concrètement le maintien de la voirie dans son tracé actuel. Nous nous opposerons à la création de tracés neufs qui auraient pour conséquence de détruire des espaces naturels et agricoles. Cela exclut également la réalisation d’ouvrages d’arts de type autoroutier (y compris le viaduc Gennevaux). Cela signifie enfin l’intégration d’aménagements cyclables et de voies réservées aux transports public dans le cadre d’un projet paysager adapté au contexte urbain.

S’agissant du LIEN, l’enjeu est différent. A la différence du COM, ce projet est beaucoup plus avancé et bénéficie d’ores et déjà d’une déclaration d’utilité publique contre laquelle l’ensemble des recours ont été écartés par la justice administrative. En droit, plus rien ne s’oppose à ce projet dont les travaux ont déjà débuté. Par ailleurs, la Métropole n’est engagée ni juridiquement ni financièrement dans sa réalisation qui est placée sous la responsabilité du Département. Dans cette situation et dans le cadre de la campagne municipale de Montpellier, nous ne souhaitons pas prendre d’engagements dans ce dossier que nous ne pourrions, en aucune façon, honorer. 

4.       Que proposez-vous en termes de développement des transports en commun, dans

Montpellier et au-delà des limites de la métropole ?

En premier lieu, nous proposons de mettre en place la gratuité des transports publics pour les habitants de la Métropole. Par étapes : d’abord le week-end le plus rapidement possible, puis de manière permanente avant la fin du mandat. Cette mesure forte doit permettre de démocratiser l’usage des transports publics.

Nous souhaitons également développer massivement l’offre de transports publics dans tous les quartiers et à l’échelle de la Métropole afin que chacun dispose, près de chez soi, d’une alternative à la voiture individuelle. Pour que la voiture reste un choix, mais ne soit plus une obligation au quotidien.

Nous mènerons le chantier de la ligne 5 de tramway le plus vite possible. Nous réaliserons l’extension de la ligne 1 vers la gare TGV.

En complément du réseau de tramway, nous proposons de développer un nouveau réseau de bus à haut niveau de service bénéficiant de voies réservées. Des bus plus rapides, plus fréquents et plus nombreux en soirée et le week-end. Plusieurs lignes urbaines seront mises en service dans le mandat ; notamment : 

–         Une ligne vers l’est pour desservir les secteurs de la Pompignane et du Millénaire en direction de Castelnau Sablassou ;

–          Une ligne circulaire (l’ancienne « Ronde ») pour relier les quartiers les uns aux autres sans passer par le centre-ville ;

–          Une ligne vers le nord pour desservir le campus SupAgro et le quartier des Cévennes en direction d’Euromédecine.

Nous proposons également de déployer des lignes suburbaines en direction de Prades-le-Lez au nord, en direction de Pignan et Cournonsec à l’ouest et en direction de Vendargues et Castries à l’est.

Dans le même esprit, nous travaillerons avec la Région, le Département et les intercommunalités voisines, pour apporter des solutions nouvelles à l’échelle de l’aire urbaine, au-delà des limites de la Métropole.

S’agissant du train, nous accompagnerons l’augmentation de l’offre TER entre Sète et Nîmes en accélérant, prioritairement, le projet de création d’une halte ferroviaire et d’un pôle d’échange multimodal à Castelnau-Sablassou. 

Nous poursuivrons les études de réaffectation des lignes de Paulhan à l’ouest et de Sommières à l’est pour développer une nouvelle offre de transports interurbains.

Nous relancerons, en partenariat avec le Pays de l’Or, les études du prolongement de la ligne 3 de tramway en direction des plages.

Nous collaborerons avec les intercommunalités du Cœur d’Hérault et du Pic Saint-Loup pour développer des lignes de cars à haut niveau de service bénéficiant de voies réservées sur l’A750 depuis Gignac et sur la RD986 depuis Saint-Gély-du-Fesc.

5.       Etes-vous favorable à poursuivre l’étalement urbain, ou souhaitez-vous essayer de densifier la ville existante ?

Nous sommes fermement opposés à l’étalement urbain et nous nous engageons à sanctuariser la ceinture verte de Montpellier pour protéger nos terres agricoles et nos espaces naturels. Globalement, nous visons un objectif de zéro artificialisation nette à l’horizon 2030.

En particulier, nous abandonnerons le projet d’urbanisation prévu par le SCOT au niveau du plateau des Bouisses à l’ouest de la ville. En lieu et place, nous développerons, en concertation avec les habitants, un grand projet d’agriparc sur 100 hectares : un poumon vert mêlant forêt urbaine et agriculture de proximité. 

Dans le même esprit, nous ne construirons aucun logement sur la ZAC Cambacérès dont les extensions seront arrêtées. Nous protégerons un large corridor de biodiversité entre le parc Malbosc et le Domaine d’O dans le cadre de la ZAC du Coteau.

Nous répondrons aux besoins de construction de logements selon deux axes complémentaires.

La crise sanitaire et la période de confinement ont souligné à quel point l’hyper-centration urbaine dans les Métropoles a atteint ses limites. Concentrer les logements et les emplois sur Montpellier n’est pas bon pour l’équilibre du territoire. Cela appauvrit des villes moyennes. Cela oblige les habitants à utiliser la voiture pour aller travailler à des dizaines de kilomètres de là où ils habitent. Et cela provoque l’asphyxie de Montpellier où 100 000 voitures entrent chaque jour. Ce modèle n’est plus soutenable.

Il est temps de sortir de la politique d’isolement dans laquelle s’est enfermé le maire sortant. Il est temps de coopérer avec les territoires voisins pour bâtir, en bonne intelligence, une politique d’équilibre et de cohésion territoriale.

Une ville moyenne comme Lodève compte plus de 18% de logements vacants. C’est trois fois plus qu’à Montpellier. C’est considérable. L’intérêt général ce n’est pas de continuer à vider des logements à Lodève pour en construire de nouveaux à Montpellier. L’intérêt général c’est d’aider Lodève à relancer son économie et à remettre sur le marché ses logements vacants. L’intérêt général c’est de mettre toutes nos forces, tous ensemble, pour irriguer le développement dans tous nos territoires. Voilà notre premier axe.

Le second axe porte sur la densification raisonnée de la ville. Construire la ville sur la ville est la meilleure manière de lutter contre l’étalement urbain. Nous y sommes bien sûr favorables. Mais pas n’importe où, pas n’importe comment et par à n’importe quel prix.

Nous mettrons un terme à la bétonisation à outrance qui, parcelle après parcelle, détruit la biodiversité, les paysages et le cadre de vie dans nos quartiers. Montpellier ne doit plus être livrée au chaos d’une spéculation foncière et immobilière sans frein. Le Far West c’est fini !

La construction de logements sera strictement encadrée et concertée dans le cadre d’opérations d’ensemble, maîtrisées par la collectivité. Maitriser les formes urbaines, la qualité architecturale, l’équilibre social des logements, maitriser le rythme des constructions pour mieux anticiper l’évolution des besoins en terme de transports publics et d’écoles en particulier. 

Pour cela nous réviserons le Plan Local d’Urbanisme afin, d’une part, de mieux protéger les quartiers résidentiels contre une densification excessive et, d’autre part, d’identifier les secteurs aptes à recevoir des projets d’aménagent maîtrisés comme par exemple le site de l’ancienne mairie, dans le cadre de la ZAC Pagézy, où nous pouvons assumer une certaine verticalité.

Par ailleurs, nous protègerons le patrimoine urbain et paysager, nous obligerons, sur chaque terrain, la conservation de sols perméables pour éviter les inondations, favoriser la plantation d’arbres et rafraîchir la ville. 

Nous voulons bâtir une ville verte et résiliente. 

Nous nous tenons naturellement à votre disposition pour apporter des précisions ou échanger avec vous sur les priorités que vous souhaiteriez voir défendues.

Au plaisir de vous rencontrer.

Pour la liste « Montpellier Unie »,

Michaël Delafosse et Coralie Mantion