Non à un Etat d’urgence total et permanent.

EELV

Montpellier

Communiqué de presse

Non à un Etat d’urgence total et permanent.

Il y a un an encore le mot d’ordre était « je suis Charlie », nous devons être une nation unie face au terrorisme, une nation unie par un vouloir vivre ensemble, une nation soudée autour de valeurs communes, celle de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Un an après, dans un contexte d’attentats multiples, il n’est plus question d’apaisement, de reconstruction du lien social. La seule réponse du Gouvernement, c’est la guerre. Un Etat de guerre dont les lois d’urgence accaparent la sphère politique, mais aussi sociale et économique.
Nous glissons dans un état d’urgence total et permanent.
C’est une lame de fond sécuritaire, une pensée sclérosée, rance, repliée sur elle-même, qui peu à peu gangrène l’opinion publique. On l’appelait « droitisation » ou « lepénisation des esprits ». Aujourd’hui, elle n’a plus de nom pour nombre de français, c’est un signe alarmant.
Sous le coup de la peur, de l’émotion, 75 % des français sont favorables à la déchéance de nationalité pour les binationaux, 74 % sont favorables à la prolongation de l’État d’urgence.
La déchéance de nationalité pour les bi-nationaux nés en France est selon le Gouvernement une mesure symbolique forte. Mais de quel symbole parle-t-on ?
C’est une mesure discriminante et stigmatisante qui établit une inégalité de droit entre citoyens bi-nationaux et uni-nationaux.
C’est une mesure inefficace opposée à des kamikazes.
C’est une mesure inutile car 2 textes existent déjà qui pourraient être amendés : les articles 23 et 27 du Code Civil.
C’est une mesure utopique car quel pays voudra accueillir des terroristes ?
C’est une mesure de déni : nous avons créé ces terroristes français. Nous sommes responsables. Nous devons réparer.
Et c’est surtout une mesure dangereuse car on veut l’inscrire dans la Constitution.
Pourquoi ? Pour éviter les questions d’inconstitutionnalité, c’est à dire POUR QUE CES MESURES SOIENT JURIDIQUEMENT INATTAQUABLES.
Qu’est-ce que le Gouvernement veut inscrire dans la Constitution ?
L’inégalité entre les citoyens, et un Etat d’urgence, qui seraient tous 2 destinés à lutter contre le terrorisme djihadiste…
CA, C’EST LA THEORIE.
En pratique, est-ce que le mot « terrorriste » apparaitra dans le texte ? NON.
Est-ce que, je cite, « un crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation », est un concept juridique flou ? OUI
Est-ce que les grands principes de droits fondamentaux comme : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit », ou « nul ne peut être détenu arbitrairement »,  pourront être opposés à ces mesures ? NON.
N’OUBLIONS PAS que la Constitution ne se modifie qu’avec l’accord des 3/5 du Congrès, que ses principes sont juridiquement inattaquables.
Florian Philippot, le N°2 du FN nous a déjà prévenu : il suffira d’un vote pour élargir la déchéance de nationalité.
Et d’un vote pour fixer les modalités de l’état d’urgence.
Alors je vous pose la question : si les mot « terroriste » ou « atteinte grave à la vie de la Nation » ne sont pas DEFINIS, CIRCONSTANCIES et DELIMITES, quels sont les risques de dérive à votre avis ?
Qui pourrait être la cible de ce flou juridique organisé demain ? Vous, moi ? Toute personne en raison de sa couleur, de sa langue, de sa religion, de son orientation sexuelle, ou de ses opinions?
Retenons ce chiffre : sur les 3000 perquisitions, seules 4 ont abouti sur le bureau de la section antiterroriste.
Les mesures ont été disproportionnées, mal-ciblées, stigmatisantes et violentes.
Elles ont démontré que l’État d’urgence s’appliquait :
– à des opposants politiques (libertaires, écologistes, d’extrême-gauche),
– à des citoyens musulmans ou supposés tels,
– à des malfrats, surtout dans le milieu de la drogue,
mais avaient extrêmement peu touché les djihadistes.
Nous ne sommes plus dans une logique d’accusation fondée sur la preuve.
Nous sommes dans une logique de soupçon, qui s’attaque à toute personne suspecte de désordre public, quelle qu’en soit la nature.
Nous sommes dans une logique d’extension des mesures exceptionnelles.
Je vous le demande pour conclure : quel Etat voulons-nous pour demain ? un Etat de droit ?
Il faut lutter contre le terrorisme, mais pas par la peur, pas dans la hâte, pas en stigmatisant, pas par le soupçon au lieu de la preuve, mais en RESPONSABILITE.
Et de la responsabilité, je n’en vois pas dans la posture électoraliste de M. Hollande.
On ne peut pas sacrifier les principes fondamentaux de la République pour une place au second tour des élections présidentielles.
EELV est partie du collectif « Unis pour pour la défense de nos libertés », et appelle à manifester samedi 30 janvier à Montpellier (départ 14h30 Maison des syndicats, arrivée à la Préfecture).

 

Contacts : 
Coralie Mantion
, porte-parole d’EELV Montpellier : 06 26 94 24 00
Manu Reynaud, porte-parole d’EELV Montpellier : 06 86 53 49 51